Overview

Je réalise une recherche en Littérature Comparée sur les mythes fondateurs dans les moyen âges occidental et précolombien.

Cette recherche est réalisée dans le cadre du Centre de Recherche sur l’Imaginaire (CRI) sous la direction de Philippe Walter, professeur à l’Université Stendhal Grenoble III et directeur du CRI. Le CRI est un centre de formation pluridisciplinaire (littérature française, littératures comparées, lettres étrangères, sociologie, psychologie, anthropologie). Son projet scientifique trouve unité et cohérence dans la réflexion sur l’imaginaire et sur l’imagination symbolique menée d’abord, et dans des champs divers, par M.Eliade et G.Bachelard, reprise et développée par Gilbert Durand qui fonda le centre en 1966 en collaboration avec Paul Deschamps et Léon Cellier.

Théories et méthodes anthropologiques, philosophiques, sociologiques, psychologiques ou littéraires ont été mises au point et développées en référence, en confrontation et/ou collaboration, avec les œuvres de G. Dumézil, E. Cassirer, R. Caillois, H. Corbin, C. Lévi-Strauss, G.Bachelard, P. Ricœur. À partir des acquis de la psychologie, de l’anthropologie, et de l’ethnologie, de la philosophie et de la critique littéraire, cette réflexion s’est poursuivie en relation avec les acquis des philosophies du langage, des méthodes structurales dans les ouvrages de G.Durand bien sûr, et, dans le domaine plus strictement littéraire, après C. Mauron, G. Poulet, P. Albouy, dans les ouvrages de J. Starobinski, N. Frye, M.H. Abrams, R. Girard ou H.R. Jauss, par exemple.

L’école de Grenoble conduit une réflexion sur les aspects, l’évolution, le sens, d’une herméneutique des images, des symboles, des archétypes et des mythes à l’œuvre dans l’imaginaire d’une culture, d’une époque ou d’un créateur. La méthode d’approche se fonde essentiellement sur l’analyse des procédures symboliques (représentations, symboles, mythes…) comme éléments déterminants de la création littéraire et artistique (mythocritique) et sous-tendant, sur une période donnée, les attitudes socio-historico-culturelles (mythanalyse).

Objectif

Dans ce contexte, l’objectif de notre travail est de réaliser une étude du mythe de la femme-serpent comme un mythe des origines. En particulier, le Moyen Âge et l’époque précolombienne ont produit de nombreuses femmes-serpents. Dans ces cultures la femme-serpent s’affirme comme un symbole de totalisation : ses domaines correspondent à des espaces mythiques. Cette figure est portée par le folklore et par des textes littéraires (légendes ou romans) qui racontent l’origine d’un nouvel ordre social dont le pouvoir est légitimé à travers un être surnaturel. Ces textes pourraient cacher une des leçons d’un mythe des origines qui voit dans la femme-serpent une sorte de mère cosmique de l’espèce humaine.

Notre hypothèse de départ est l’idée d’universalité et d’atemporalité de la femme-serpent. En conséquence, nous comparerons des figures diachroniques qui s’intègrent dans un imaginaire collectif constitutif des cultures et des moments historiques, en apparence disjoints, mais qui convergent dans l’espace et le temps de l’imaginaire universel. Mélusine (fée du moyen âge) et à Tonantzin (déesse précolombienne) seront un point de départ de notre étude.

Dans un second temps, il sera intéressant à considérer des femmes-serpents issues des civilisations orientale, hindou et judaïque en vue de définir sur la longue durée la permanence d’un archétype modulé selon les cultures et les moments socio-historiques.

Résultats

  • Étude des langages symboliques du Moyen Âge (s. XII-XIV) et des cultures précolombiennes (aztèque et maya) dans les bestiaires, théogonies et codex. Nous avons dégagé les éléments de base (couleurs, formes, dispositions) qui semblent être à la base de la construction des figures symboliques dans les deux univers. Nous avons ensuite spécifié une grille de lecture permettant d’identifier les éléments comparables.
  • Constitution d’un corpus : contes  médiévaux répertoriés  par exemple dans l’Otia Imperalia mais également contes précolombiens qui racontent l’histoire d’une  femme-serpent, mère sacrée d’un peuple.
  • Archéologie de mythes : étude sur la figure du serpent comme figure des origines dans la culture gréco-latine, la culture celtique, les cultures orientales (par ex. dans Les Milles et une Nuits).